AssiégéEs

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Intersectionnalité TMTC 2017

Enregistrement de la table ronde « Qui nous protège de la police ? : Approches féministes et queer décoloniale de la lutte contre l’Etat policier «

Nawal – Ferguson in Paris

M. – Cases Rebelles
João et Dawud – Queer & Trans raciséEs contre le racisme et le néo-colonialisme

Animée par Khadija – Contributrice AssiégéEs 

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ÉDITION 2017 

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LA MARCHE DES FEMMES, AU-DELÀ DES CHIFFRES SUIVI DE LA TRADUCTION DU DISCOURS D’ANGELA DAVIS

Cette article est un extrait du numéro 2 de la revue, que vous pouvez commander ici

Tout d’abord, rappelons que cette marche est la vingtième du genre. Lors de la marche des suffragettes de 1913, le mouvement s’est déchiré sur la participation d’une délégation de femmes noires. Il a été décidé au final que les femmes blanches marcheraient devant, suivies des hommes blancs et à la fin de la marche des femmes noires. Bien évidemment celles-ci ont refusé ce “compromis” et ont choisi de manifester avec des groupes locaux. En 1970 il y a eu aussi une marche pour l’égalité de salaire, organisée cette fois par une militante noire Aileen Hernandez, effacée de l’histoire par Becky aka Betty Friedan qui en a retiré tout le crédit.

Algèbre politique : 1 million + 1 million + 1 million = zéro

Le 21 janvier 2017, la marche des femmes a mis plus de deux millions de personnes dans les rues aux États-Unis (il y a eu aussi des manifestations dans d’autres villes du monde, mais on ne sait trop dire si c’était contre Trump ou pour les droits des femmes). L’investiture de Trump n’est pas étrangère à ce succès numéraire, mais un autre élément est à prendre en compte : l’absence de ligne politique. Le but premier de cette marche était de faire du nombre, et pour cela il n’y a rien de mieux que “venez comme vous êtes”, le self-service politique, qui conduit à un mélange des genres qui ne peut que laisser perplexe. Nous avons pu voir des blocs radicaux et anti-impérialiste côtoyer des féministes capitalistes, pro-prisons, pro-police et libérales. La cerise sur le ghetto : Angela Davis qui fait un discours suivi quelques minutes plus tard par… Scarlett Johansson, vous savez celle qui a abandonné son poste d’ambassadrice à Oxfam pour continuer à soutenir la colonisation de la Palestine, et qui se fait passer pour une asiatique dans des films.

J’ai lu et relu la page Mission and Vision du site internet de la marche, et ce au moins une dizaine de fois, et je dois vous avouer que je n’ai pas saisi le message (politique?), ce serait faire insulte au mot, d’user du terme “revendications”. J’ai reçu le coup de grâce, avec la conclusion, une citation (merveilleuse) d’Audre Lorde mais que beaucoup aiment utiliser comme moyen de pacification et de détournement de la question du pouvoir : “Ce n’est pas nos différences qui nous divisent. C’est notre incapacité à les reconnaître, les accepter et les célébrer”. On doit reconnaître un certain talent, je dirais même plus, un talent certain aux forces libérales, car réussir à trouver LA citation d’Audre Lorde, qu’on va pouvoir saucer au sel sans épices pour faire passer la pilule, c’est pas mal.

Il y a plusieurs témoignages de femmes racisées à propos des micro-agressions racistes qu’elles ont subies lors de cette marche, des femmes blanches se prenant en photos avec la police pour féliciter leur “ange-gardien”, des visuels et images s’inscrivant dans le pinkwashing (celui qui a fait le plus débat est le visuel inspiré d’une photo de Munira Ahmed prise par le photographe Ridwan Adhami), la campagne de dénigrement contre la militante palestinienne-américaine Linda Sarsour venant de la droite américaine mais aussi d’une certaine Madame Fourest dont les obsessions ne sont plus un secret. En effet la marche des femmes n’avait pas de programme politique, mais certains groupes présents sont venus marcher avec celui que leurs organisations défendent au quotidien. Le discours d’Angela Davis, reprend la majorité des revendications politiques portées par les groupes féministes avec lesquels nous nous tenons en solidarité, et dont les voix ont été noyées lors de cette marche : contre les violence domestiques et étatiques, contre l’accaparement du pouvoir et du bien être, contre l’hétéro-patriarcat, pour la justice reproductive, contre l’exploitation capitaliste, pour l’abolition de la prison, la solidarité internationale, l’anti-impérialisme et l’anti-colonialisme…

Quand on y regarde de plus près, l’impact de cette marche est proche de zéro, les manifestations sans demandes politiques et qui en plus ne perturbent pas le système – c’est à dire l’activité économique et sociale – ne restent que des démonstrations numéraires à portée limitée… bien que très exaltantes et photogéniques. Il ne faut pas s’y tromper, marcher pour les droits des femmes, n’est pas une revendication politique, surtout en contexte occidental où féminisme blanc et féminisme libéral font office de référence. La lutte pour les droits des femmes, est à la lutte contre le patriarcat, ce que la mixité sociale est à la lutte des classes. On peut y mettre le meilleur comme le pire, mais force est de constater qu’il s’agit le plus souvent du pire qui se cache derrière cette appellation pacifique et humaniste : fémonationalisme, pinkwhashing, féminisme capitaliste… Dans une approche révolutionnaire et radicale, les organisations espèrent un mouvement de masse mais cela ne peut se faire par l’abandon d’un programme politique, au contraire il s’agit de construire un programme politique et les modalités d’actions qui feront que ce programme se propage, soit compris et obtienne l’adhésion du plus grand nombre.

Nous devons assumer notre objectif politique en tant que féministes radicales et révolutionnaires : l’abolition du patriarcat, rien de plus, rien de moins. 

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Intersectionnalité TMTC 2015

Intersectionnalité TMTC : Paris-Bruxelles #ITMTC

Nous, enfants des anciennes colonies, parmi lesquels nous sommes femmes, queers, trans, travailleur.e.s du sexe, migrant.e.s, prolétaires, étudiant.e.s précaires, chômeur.e.s, non intégrables aussi bien sur le marché de l’emploi que sur celui de l’identité nationale… prenons la parole pour changer nos vies !

Pourquoi « intersectionnalité » ?

L’intersectionnalité, c’est pas compliqué, c’est une vision politique héritée des luttes des femmes noires américaines. On connait le mouvement des droits civiques, le mouvement Black Power, mais il y a eu aussi l’émergence du Black feminism. Le but ? Montrer que le féminisme qui s’appuie sur l’expérience des femmes blanches, l’antiracisme qui s’appuie sur l’expérience des hommes noirs, et l’anticapitalisme qui refuse de prendre en compte le racisme et le sexisme, sont des impasses pour celles qui sont à la fois femmes, noires et de classe populaire. Résultat : il y a eu un foisonnement de groupes, des quartiers populaires jusqu’aux universités, qui militaient et militent encore contre les violences d’Etat et intracommunautaires touchant les femmes noires pauvres ; violences spécifiques dont tous les autres mouvements se fichaient et se fichent encore royalement.

Nous, avec cet héritage-là, on propose d’élargir dans le contexte francophone (France-Belgique) non pas seulement aux femmes noires pauvres, mais à toutes celles et ceux qui sont issu.e.s des anciennes colonies et se situent à l’intersection de plusieurs autres situations de domination, et sont vulnérables au durcissement du système néo-libéral : femmes prolo lesbiennes, trans hommes et femmes au chômage, femmes et hommes queer musulman.e.s, travailleur.e.s du sexe migrant.e.s, queers et trans migrant.e.s etc.

Tout ça, ça s’inscrit dans une lutte plus globale : contre le système patriarcal, raciste et capitaliste dans son entièreté. Mais dans cette lutte globale, il y a des spécificités qui doivent être prise en compte en même temps. Et c’est sur ce terrain des spécificités qu’on se situe, en faisant des allers retours entre nos positions spécifiques et un idéal global contestaire.

Pourquoi ces journées ?
Nous sommes fatigué·e·s et énervé·e·s de voir un outils de lutte construit par nous et pour nous être récupéré, malmené et vidé de toute substance par les intelelctuel·le·s, académiques, politiques blanc·he·s qui ont décidé de parler de nous sans nous. En plus des intellectuel.le.s, les activistes blanc.he.s utilisent l’intersectionnalité comme un moyen d’appeler à une supposée “convergence des luttes” qui n’est en fait qu’un moyen d’obtenir le soutien des racisé.e.s ( c’est à dire nous les non blancs, éternels « étrangers » en Europe) pour leurs luttes, et jamais en retour être de vrais allié.e.s pour les nôtres. En gros, l’intersectionnalité sert paradoxalement aux blanc.he.s, universitaires et/ou militant.e.s à évacuer la question du racisme systémique et tout potentiel transformateur pour les racisé.e.s.
Dans le même temps, un certain anti-racisme prèfere réduire l’intersectionnalité à l’usage dépolitisant qu’en font les blanc.he.s cité.e.s précédemment, afin de mieux nous faire taire et invisibiliser les usages que nous en faisons. Ce qu’ils veulent ? Qu’on se batte pour l’égalité entre hommes hétérosexuels de toutes les communautés, blanches et non blanches, sans rien changer au patriarcat, à l’hétérocentrisme et la transphobie.
D’autres, marxistes, côté intellos perchés ou militant, choisissent de réduire “les intersectionnelles” à un groupe homogène qui serait fondamentalement à l’ouest sur les questions économiques et le capitalisme, trop “identitaires”, voire pour certains “sans programme politique”, même quand eux-mêmes n’en ont pas (si ce n’est défendre leur pré-carré).

Au fond, ces mêmes personnes continuent toutes d’ignorer les racisé.e.s qui travaillent et luttent sur ces questions depuis longtemps, ici, qu’elles utilisent ou pas le terme « intersectionnalité ». Cette attitude, cette appropriation de nos paroles et vécus, ces silenciations et invisibilisations de nos positions spécifiques dans les rapports d’exploitation et dans les différents systèmes d’oppression, sont tout simplement une dépolitisation d’un outil politique radical construit pour et par nous.
Nous décidons de tchiper et balayer d’un geste nonchalant de la main des propos qui ne retiendront désormais plus aucune de nos considérations.

Toi-même tu sais #TMTC
Il est alors temps de recréer des espaces pour nous afin de repolitiser et se réapproprier nos vécus, nos projets et nos luttes. Par la politisation de nos conditions dans la société, nous incarnons l’intersectionnalité. Nous sommes les experts de nos vies et possédons la matière première à une lutte inteserctionnelle et véritablement transformatrice, qui s’inscrira dans le mouvement global contre ce système pourri qui fabrique l’exploitation, l’oppression et la mort pour certain.e.s, afin que d’autres puissent se la couler douce.

Travaillons ensemble à construire des mouvements qui ont un réel impact sur nos vies !

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1er Mai : cortège AssiégéEs et Mwasi- Collectif Afroféministe

Soeurs, Frères, le 1er mai la rue est à nous !

Des Afroféministes, des Meufs, des Queers et Trans RaciséEs dénoncent les rapports d’exploitation produit par le système capitaliste ainsi que la division sexiste et raciste du travail.

Nous ne pouvons pas ignorer que le capitalisme sert l’impérialisme occidental et que les guerres qu’il mène sous fond de négrophobie et d’islamophobie en Afrique et au Moyen-Orient sont motivées par des intérêts économiques. Comment oublier des drames comme celui de Rana Plaza il y a 2 ans au Bangladesh où 1135 ouvrières et ouvriers ont perdu leur vie à cause de la sur-exploitation féroce des grandes marques du prêt à porter (H&M, Zara, Mango etc) dans des locaux particulièrement insalubres ? 

Impossible d’ignorer qu’ici, en France, un gouvernement « socialiste » est en guerre contre les travailleurs, les chômeurs, les pauvres (loi Macron, ANI…). La criminalisation du travail du sexe par l’Etat qui cache mal ses obsessions anti immigration, rend encore plus vulnérables aux violences policières, agression des clients, et risques sanitaires(VIH), les travailleuses et travailleurs du sexe de rue pauvres et/ou migrant.e.s que personne n’embauche sur le marché « légal »du travail. Ce gouvernement, comme d’autres en Europe, s’attaque aux classes populaires mais aussi et surtout aux racisés, pas seulement en tant que prolétaires : arabes, noir.e.s, musulman.e.s, roms,« banlieusard.e.s », migrant.e.s. sont considérés comme une menace intérieure par l’Etat, la classe politique, et une part inquiétante de la population. 

Dans ce climat, en plus de l’appauvrissement généralisé et d’un chômage qui persiste, les racisé.e.s, surtout ceux des classes populaires, doivent affronter le racisme d’Etat, toujours plus de criminalisation ainsi que les inégalités et discriminations au travail: écart de salaire,contrats précaires, discrimination à l’embauche, propos et agressions racistes et sexistes, précarité des travailleurs.euses sans papier… Les conséquences de ces oppressions sont catastrophiques pour tou.te.s, particulièrement pour les femmes, les trans et les minorités sexuelles racisées.

Malgré cela l’égalité n’est pas une chimère. Nous, travailleurs.euses racisés ne nous avouons pas vaincu.e. Notre voix quel que soit son niveau hiérarchique est une force légitime et nous devons nous battre. Les droits actuels du travail n’ont pas été obtenu en un jour. Il nous appartient de nous élever, de nous faire entendre et d’exiger l’amélioration de notre condition.

C’est pourquoi AssiégéEs et le Collectif Afroféministe Mwasi défileront ensemble à Paris le 1er mai afin de dire haut et fort qu’il ne peut y avoir d’anticapitalisme sans lutte radicale contre le racisme d’Etat et le patriarcat. Il est urgent de prendre au sérieux les discriminations au travail et les dimensions racistes et sexistes du système capitaliste, quand bien même le but ultime est son anéantissement pour tou.te.s.

Ce système ne pourra jamais être renversé sans celles et ceux qui en constituent les marges !

Retrouvez les informations pratiques ici